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Perspectives d’experts : Mois de prévention du suicide – Comment parler de suicide, de signes et de soutien

Perspectives d’experts : Mois de prévention du suicide – Comment parler de suicide, de signes et de soutien


Le mois de septembre est le mois de la prévention du suicide.
Chaque année, des communautés et des mieux de travail en Amérique du Nord se réunissent pour des efforts de sensibilisation à la prévention du suicide et à l’importance de tenir des conversations ouvertes et sans stigmatisation. Le suicide est l’une des principales causes de décès dans le monde, mais malgré cela, beaucoup de gens ont encore peur d’en parler.

Cette ressource propose des conseils d’experts visant à :

  • reconnaître les signes de risque de suicide;
  • tenir des conversations empathiques sans jugement;
  • découvrir des mesures pratiques à appliquer si vous ou un de vos proches êtes en difficulté;
  • savoir où trouver des lignes d’écoute téléphonique et une aide immédiate.

 

Le suicide est un sujet évité par plusieurs; mais le silence peut rendre les choses plus difficiles pour ceux qui ont du mal à demander de l’aide. Durant le mois de la prévention du suicide, et tout au long de l’année, il importe de créer des espaces sûrs propices au dialogue honnête.

Dans le présent article, Janna Comrie, psychothérapeute agréée et experte de LifeSpeak, explore la façon de reconnaître les signes, d’aborder le sujet auprès d’une personne qui vous inquiète et de trouver de l’aide si l’on a des pensées suicidaires. Le message est clair : parler du suicide ne provoque pas le suicide. En fait, les conversations peuvent sauver des vies.


Attention : Cet article et les liens connexes traitent du sujet du suicide.

 

Parler de la mort peut paraître déprimant même quand tout va bien. Les gens évitent souvent le sujet par peur de froisser les autres ou que le fait d’en parler causera un décès. Certains ne veulent simplement pas y penser puisque l’idée de perdre quelqu’un est douloureuse. Mais qu’en est-il de la mort par suicide? Que faire si vous avez des pensées suicidaires ou que vous soupçonnez qu’un de vos proches a des idées noires?

Les personnes qui envisagent ou tentent de se suicider, qu’elles y parviennent ou non, se sentent généralement bloquées et accablées par une situation ou un sentiment qui les désespère. Elles sentent qu’il n’y a pas d’« issue ». J’ai parfois des clients qui présentent des symptômes d’anxiété sévère, de dépression ou de traumatismes. Ils disent des choses comme « je souhaiterais être mort », « rien n’est important » ou « je veux juste mourir ». Lorsque nous commençons à analyser leurs sentiments, ils se rendent souvent compte qu’ils ne veulent pas vraiment mourir, mais qu’ils estiment qu’ils ne peuvent pas continuer dans leur état émotionnel actuel. Ils croient que la mort pourrait être le seul moyen de soulager leur douleur émotionnelle et sont incapables d’imaginer comment changer leur expérience en raison de l’ampleur de leurs sentiments. Ces clients n’exagèrent pas. Leur vie actuelle leur paraît véritablement insupportable, et ils préféreraient être morts plutôt que de continuer à se sentir comme ils se sentent.

C’est pourquoi il est crucial de parler du suicide si vous avez des pensées suicidaires ou que vous soupçonnez que c’est le cas d’une autre personne. Pour quelqu’un qui est aux prises avec des pensées suicidaires, se confier sur ces pensées peut diminuer l’anxiété, ce qui donne un temps pour changer sa façon de réfléchir, ce qui en retour diminue l’impulsivité. Parler de suicide aide — cela ne cause pas le suicide.

Comment reconnaître les signes potentiels du suicide?

Il n’est pas toujours évident qu’une personne souffre de pensées suicidaires.

Les signes précurseurs sont nombreux, mais les trois plus importants sont :

  • penser au suicide ou à la mort, écrire sur le sujet ou en parler;
  • avoir un plan pour mettre fin à ses jours;
  • avoir les moyens de mettre ce plan en action.

Il faut prendre ces signes au sérieux et demander l’aide d’un médecin ou d’un professionnel en santé mentale immédiatement.

Parmi d’autres signes courants, on compte :

  • se procurer les objets nécessaires à mettre le plan en action (armes, médicaments, par exemple);
  • s’isoler de ses amis et sa famille;
  • augmenter sa consommation de substances;
  • se sentir désespéré;
  • se sentir pris au piège ou comme si « le sentiment négatif/la situation négative ne changera jamais »;
  • avoir des changements d’humeur (hausse de la colère, pleurer souvent, irritabilité, chagrin);
  • se départir d’objets personnels ou importants;
  • adopter plus souvent des comportements risqués (conduire rapidement, sauter ou plonger depuis des rochers de plus en plus hauts, traverser la rue de manière inappropriée).

Plus le nombre de signes est élevé, et plus forte est leur sévérité, plus le problème est sérieux. Cela dit, tous les signes sont notables et méritent d’être évoqués.

Le risque de suicide est plus élevé lorsque les personnes subissent des facteurs de stress supplémentaires. Il peut s’agir, entre autres, du décès d’un membre de la famille ou d’un ami, de la perte d’un emploi ou de la fin d’une relation, de tensions financières, de douleurs chroniques, d’événements traumatisants vécus ou dont on a été témoin, ou de discriminations fondées sur le sexe, le genre, l’orientation sexuelle, la race, la religion et l’identité de genre.

Comment aborder le sujet du suicide avec une personne qui, selon vous, envisage de se suicider

Parler du suicide est inconfortable pour presque tout le monde! Cela dit, en parler avec quelqu’un qui l’envisage peut-être pourrait lui sauver la vie. Lorsque l’on parle de suicide, nous devons absolument aborder la personne avec attention et compassion. Les partis pris, les préjugés, le jugement de l’autre, le fait de minimiser ses sentiments ou de le faire sentir honteux ou coupable ne l’aidera pas. Optez plutôt pour une approche directe et abordez la personne en cherchant à comprendre ses sentiments et ses pensées. Dans une telle situation, les compétences d’écoute active sont essentielles.

Par exemple, éviter de dire : 

  • « Les gens qui commettent un suicide sont si égoïstes. »
  • « La fille de mon ami a fait une tentative et elle n’a pas réussi. »
  • « Toi, tu ne ferais pas ça, n’est-ce pas? »

Dans le premier exemple, le mot « égoïste » et le verbe « commettre » évoquent le jugement. D’ailleurs, on réserve habituellement le verbe « commettre » aux actes criminels et immoraux. Dans la deuxième phrase, poser le suicide comme une réussite ou un échec sonne comme un résultat d’examen ou un exploit à viser. Le sensationnalisme ou la glorification accidentelle du suicide n’aident pas la cause. Le dernier énoncé fait subtilement sentir l’autre honteux ou coupable, ce qui peut empirer ses sentiments s’il se sent déjà suicidaire.

Dites plutôt :

  • « Est-ce que tu penses au suicide? »
  • « Tu dois souffrir profondément si tu penses à mettre fin à tes jours. »
  • « As-tu planifié comment tu le ferais? T’es-tu procuré quoi que ce soit pour pouvoir mettre ton plan en action? »
  • « J’entends que les choses n’ont vraiment pas été faciles pour toi. »
  • « Quelles sont les choses qui font que tu ne te suicides pas? »

Ces énoncés sont directs, bienveillants et empreints de curiosité. Ils ne font aucune supposition, mais cherchent simplement à susciter une conversation sans jugement qui peut vous indiquer comment aider la personne qui pense au suicide ou la guider vers quelqu’un qui peut l’aider plus facilement. Ils permettent à la personne qui lutte contre les pensées suicidaires de se sentir entendue et comprise.

Sachez que parler du suicide ne signifie PAS mettre une idée dans la tête de quelqu’un ou augmenter la probabilité d’une tentative de suicide. Au contraire, cela montre la possibilité que quelqu’un comprenne et permet à la personne d’entamer une conversation pour améliorer sa situation. La validation de ses sentiments peut aider. Cela ne signifie pas que vous êtes d’accord qu’elle a une raison de vouloir mettre fin à ses jours ou qu’elle devrait le faire, mais plutôt que vous êtes empathique à la douleur, l’anxiété, la dépression ou toute autre émotion qui l’accable. Reconnaître le courage qu’il lui a fallu pour s’ouvrir à vous alors qu’elle se sent si déprimée peut compter pour beaucoup! Soyez vous-même et comprenez que vous n’avez pas besoin d’être capable de « régler » les pensées suicidaires pour elle. Plutôt, faites-lui savoir que vous êtes reconnaissant qu’elle vous fasse confiance. Si cette personne a un plan et s’est procuré les objets nécessaires à l’exécution de ce plan, ne la laissez pas toute seule. Communiquez avec un professionnel. Si elle n’a pas de plan, mais qu’elle admet avoir des pensées suicidaires, prenez-la au sérieux. Prenez régulièrement des nouvelles et, le plus rapidement possible, aidez-la à prendre contact avec un médecin, un professionnel de la santé mentale ou une autorité religieuse qui pourra lui apporter un soutien psychologique supplémentaire.

Que faire si vous avez des pensées négatives et que vous songez au suicide

Tout d’abord, sachez que rien n’est perdu! Ne vous isolez pas. Parlez de vos sentiments à quelqu’un en qui vous avez confiance, peut-être un membre de votre famille, un ami, votre médecin, un collègue ou un professionnel en santé mentale. Allez chercher de l’aide immédiatement! Rester seul et penser au suicide devient de plus en plus éprouvant avec le temps. Lorsque vous parlez de vos pensées suicidaires, faites-le dans l’ouverture et l’honnêteté, surtout si vous vous sentez désespéré et avez l’impression que rien ne peut être fait. Ce n’est pas grave si vous ne savez pas exactement comment exprimer vos sentiments. L’important est que vous commenciez à en parler.

Ayez un plan d’urgence, notamment une personne à qui vous pouvez téléphoner, un endroit sûr où aller et quelque chose de distrayant à faire si vous vous sentez suicidaire. Gardez le numéro des lignes d’urgence à portée de main et servez-vous-en. Les lignes d’urgence sont dotées de gens formés pour vous aider à traverser les moments les plus difficiles. Sachez que vos sentiments sont bien réels, mais que même si vous n’avez pas trouvé de façon de vous en sortir, cela ne signifie pas qu’il n’y a pas d’issue! Parler de ce que vous éprouvez est la première étape du changement. Sans doute avez-vous vécu dans la douleur en toute solitude et dans vos pensées. Vous ne pouvez pas changer la situation à moins d’être prêt à faire quelque chose de différent, et à la seconde où vous libérez vos pensées de votre esprit et que vous vous confiez à quelqu’un, vous venez de faire quelque chose de différent. Encore une fois, il s’agit de la première étape. Accueillez l’aide qu’on vous offre et le sentiment d’inconfort. Répéter toujours les mêmes gestes les rend habituels et beaucoup plus familiers que de faire quelque chose de différent. Il est donc normal que faire quelque chose de différent soit inconfortable au début! Le suicide est un sujet épineux. Toutefois, en ouvrant les voies de la communication, on peut donner espoir et changer des vies. En parler, en promouvant la compréhension, l’empathie, les connaissances et la confiance, est la première étape de ce changement. Tous ces éléments sont essentiels pour aider quelqu’un qui est aux prises avec des pensées suicidaires à affronter ses défis. Il est temps d’en parler!

Ressources canadiennes :

Ressources des États-Unis :

  • La ligne téléphonique 988 est disponible partout aux États-Unis.
  • Crisis text line – envoyer HELLO au 741741 pour parler à un conseiller spécialisé en situation de crise
  • Teen Hopeline – appel : 877-870-4673 texto : 877-870-4673
  •  LGBT National Hotline – téléphone : 888-843-4564
  • Trans Lifeline – téléphone : 877-330-6366

Listes des lignes d’aide de prévention du suicide dans le monde :


Le suicide n’est jamais un sujet facile, mais le silence peut nous isoler davantage. En apprenant à reconnaître les signes, en posant des questions directes, mais empreintes de compassion et en partageant les ressources disponibles, chacun d’entre nous peut jouer un rôle dans la prévention.

Comme nous le rappelle le mois national de prévention du suicide, parler du suicide n’augmente pas le risque, mais ouvre la voie à l’espoir, au soutien et à la connexion. Si vous ou quelqu’un de votre entourage êtes en difficulté, demandez de l’aide dès aujourd’hui. Une conversation peut tout changer.

Il est tout aussi important pour les responsables des RH et des prestations de tenir ces conversations au travail. Offrir aux employés des ressources de santé mentale confidentielles et dirigées par les experts fait partie de la prévention. Demandez une démonstration dès aujourd’hui pour découvrir le soutien qu’apporte LifeSpeak aux organisations afin de réduire la stigmatisation.

 

 

À propos de l’auteure :
Janna Comrie, M.A., psychothérapeute agréée, est titulaire d’une maîtrise en psychologie du counseling et a effectué des recherches dans les domaines des sciences cognitives, du cerveau et du comportement. Depuis plus de 15 ans, elle aide des personnes, des couples et des familles à gérer les traumatismes et les difficultés de santé mentale. Son expertise comprend le soutien aux premiers intervenants et à leur famille, ainsi que l’accompagnement des personnes souffrant d’anxiété, de dépression et de troubles liés à un traumatisme.

 

 

 

 

FAQ

Le fait de parler du suicide rend-il quelqu’un plus susceptible de passer à l’acte?

Non. Des études montrent que le fait de poser des questions à une personne sur ses pensées suicidaires peut en réalité réduire le risque et apporter un soulagement en ouvrant la voie à une conversation honnête.

Quels sont les signes avant-coureurs les plus importants du suicide?

Parler de la mort ou écrire sur le sujet, faire un plan et avoir accès aux moyens nécessaires pour mettre ce plan à exécution sont les principaux signes avant-coureurs. D’autres indicateurs comprennent le retrait social, la consommation de substances, le désespoir, les changements d’humeur et le fait de donner ses biens.

Comment aider une personne qui pourrait être suicidaire?

Il importe d’approcher cette personne avec compassion et empathie en posant des questions directes telles que « Penses-tu au suicide? ». Évitez les jugements ou les propos qui minimisent les sentiments. Encouragez le recours à une aide professionnelle et prenez des nouvelles de la personne.

Que devrais-je faire si j’ai des pensées suicidaires?

Parlez-en. Parlez à une personne de confiance ou appelez une ligne d’écoute téléphonique. Élaborez un plan de sécurité qui inclut les personnes que vous pouvez contacter et les activités sûres qui vous permettront de vous distraire. Composez le 988 (au Canada ou aux États-Unis) pour être connecté directement avec un conseiller spécialisé dans la gestion des crises.

Pourquoi le mois national de prévention du suicide est-il utile?

Il offre aux milieux de travail, aux communautés et aux familles l’occasion de réduire la stigmatisation, de partager des ressources et d’encourager un dialogue ouvert sur la santé mentale et la prévention du suicide.

 

 

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