Lorsque l’on parle de réduction des méfaits en consommation de substances, les sites d’injection supervisée ou les traitements de substitution aux opiacés viennent à l’esprit de nombreuses personnes. Mais le concept de réduction des méfaits est beaucoup plus large et peut s’appliquer à n’importe quelle substance, peu importe le degré de gravité. Vous connaissez sans doute la réduction des méfaits quant à l’alimentation; par exemple en choisissant des friandises moins sucrées ou moins grasses, ou en renonçant à une deuxième portion.
La réduction des méfaits est toute stratégie visant à réduire les conséquences négatives de la consommation de substances.Par exemple, consommer une boisson à faible teneur en alcool, boire de l’eau entre deux verres, manger en buvant, attendre un certain âge avant de consommer des substances ou utiliser des techniques de gestion de la douleur autres que les médicaments, comme le yoga ou la méditation. Si certaines personnes sont prêtes à arrêter complètement de consommer des substances, la plupart ne le sont pas. La réduction des méfaits permet à tous de s’engager dans des stratégies bénéfiques pour leur vie. La clé de la réduction des méfaits est que tout pas dans une direction positive est un pas bénéfique.
La clé de la réduction des méfaits est que tout pas dans une direction positive est un pas bénéfique.
Les stratégies de réduction des méfaits proposent des solutions de rechange réalistes et fondées sur des données probantes à l’abstinence, en mettant l’accent sur la réduction des risques et en accompagnant les personnes là où elles se trouvent dans leur parcours. Si l’abstinence fonctionne pour certains, des recherches démontrent que la plupart des gens peuvent bénéficier d’approches de réduction des méfaits.
Pour certaines personnes, la réponse est simple : arrêter de consommer, tout simplement. Mais les recherches illustrent une réalité bien plus complexe. Certaines personnes qui luttent contre la consommation de substances tirent profit de l’abstinence, en particulier si elles ont du mal à contrôler leur consommation au fil du temps et si elles ont subi de graves conséquences comme la perte d’un emploi ou de relations importantes.
Cela étant dit, la majorité des personnes s’en sortent bien avec des approches de réduction des méfaits, mais n’ont pas cette possibilité lorsqu’elles cherchent un traitement. Les programmes qui offrent la possibilité de réduire ou de modérer la consommation de substances sont rares, et de nombreux programmes exigent que vous soyez abstinent ou que vous vous engagiez à l’être lorsque vous commencez le traitement. Cette approche du « tout ou rien » dissuade de demander de l’aide et n’est pas conforme à la conception actuelle du traitement des dépendances fondé sur des données probantes.
L’un des principaux obstacles aux approches de réduction des méfaits – et la raison pour laquelle l’abstinence est souvent présentée comme la règle d’or – est la croyance dominante que la dépendance est une maladie. L’hypothèse principale du modèle de la maladie est que les personnes qui luttent contre la consommation de substances souffrent d’une maladie progressive et irréversible qui les suit pour toujours. La recherche scientifique ne soutient tout simplement pas ce modèle.
« Les données de la recherche ne soutiennent pas le modèle de la dépendance en tant que maladie permanente et irréversible. »
L’étude de suivi la plus longue dans le domaine de la guérison de la dépendance a été menée à l’École de médecine de Harvard, où les habitudes de consommation d’un groupe d’hommes ont été suivies depuis 1940. Les résultats montrent que de nombreux participants ont continué à consommer un niveau élevé d’alcool pendant des décennies sans passer à un état plus grave.
De même, des études menées par l’Institut national américain pour l’abus d’alcool et l’alcoolisme ont révélé qu’environ 75 % des personnes qui répondent aux critères d’un trouble de consommation d’alcool n’y répondent plus par la suite.
Nous savons maintenant que les personnes qui luttent contre la consommation de substances ont des problèmes allant de faibles à élevés; il ne s’agit pas d’avoir ou de ne pas avoir une maladie. La plupart des personnes concernées ont tendance à connaître des hauts et des bas dans leur lutte contre la consommation de substances tout au long de leur vie.
Les bienfaits de la réduction des méfaits comprennent notamment le fait d’offrir des options aux gens qui ne sont pas prêts à s’abstenir, de créer des possibilités d’intervention précoce, d’adapter le soutien à chaque personne et de reconnaître que les changements significatifs se produisent souvent progressivement.
De nombreuses personnes ne sont pas prêtes ou désireuses de s’engager à être abstinentes, en particulier celles pour qui les troubles sont légers ou modérés et qui bénéficieraient d’une stratégie de réduction des méfaits. Reconnaître qu’il existe de nombreuses voies de résolution peut attirer davantage de personnes en traitement. Dans une analyse de 38 articles portant sur 40 échantillons distincts, Linda Sobell et ses collègues ont constaté que les trois quarts des personnes qui s’étaient remises d’un problème de consommation d’alcool ont déclaré que la consommation d’alcool à faible risque faisait partie de leur guérison. Des preuves similaires ont été trouvées pour la consommation de drogues, avec près de la moitié de l’échantillon combiné déclarant que la guérison impliquait une forme de consommation continue.
Un deuxième avantage de la réduction des méfaits est qu’elle aide les gens plus tôt dans le processus. Une croyance répandue est que pour se rétablir d’une dépendance, il faut toucher le fond et suivre un traitement formel. Cependant, les programmes qui réussissent à créer un changement aux premiers stades du processus de dépendance permettent d’aider les personnes qui n’ont peut-être pas encore subi les conséquences négatives de leur consommation.
La réduction des méfaits est centrée sur le client, ce qui signifie que les techniques sont adaptées à la personne et à son état actuel. Imaginez que l’on vous dise aujourd’hui que vous devez abandonner le sucre pour toujours? La plupart des gens auraient du mal à atteindre cet objectif, mais beaucoup sont prêts à réduire leur consommation de sucre au fil du temps. Les mêmes principes s’appliquent au traitement de la consommation de substances. Permettre aux gens de choisir comment et quand ils vont changer offre les meilleures chances de réussite.
Pour en revenir à l’exemple du sucre, imaginez si la seule mesure de réussite possible pour une bonne santé était de ne plus jamais consommer de sucre. Et si vous aviez réduit votre consommation de sucre en vous le permettant les fins de semaine ou les occasions spéciales seulement? Ce serait certainement une réussite, non? Pourtant, dans le traitement de la dépendance, la seule mesure du succès a toujours été l’abstinence totale. Ce résultat ne tient pas compte de la multitude de façons dont une personne peut apporter des changements positifs. La plupart des changements durables se produisent par petites étapes progressives au fil du temps.
Parmi ces stratégies, notons : fixer des limites avant de consommer, choisir des boissons à faible teneur en alcool, manger et s’hydrater, observer des jours sans consommation et demander l’aide d’un accompagnateur ou d’un thérapeute.
Voici quelques stratégies que vous pourriez envisager :
Voici un exemple de la manière dont une personne a bénéficié d’une approche de réduction des méfaits.
Jackie aime se détendre après le travail avec quelques verres, et parfois plus lorsqu’elle se sent stressée. La fin de semaine, elle retrouve souvent ses amies pour des soirées en ville et des brunchs arrosés. Mais ces dernières années, elle a l’impression que ces habitudes l’ont rattrapée. Ses gueules de bois s’aggravent, elle a abandonné certains de ses passe-temps de fin de journée, ses dépenses en alcool ont augmenté et tout cela l’angoisse. Au cours des derniers mois, Jackie a travaillé avec un coach pour mettre en place des stratégies de réduction des méfaits. Elle tient désormais compte des directives de consommation à faible risque en s’en tenant à deux verres par soir, sauf pour les occasions spéciales. Elle a décidé de faire du lundi, mardi et mercredi des jours sans alcool. La fin de semaine, elle a décidé de ne pas boire pendant la journée et, lorsqu’elle rencontre des amis le soir, elle laisse sa voiture à la maison pour ne pas être tentée de conduire après quelques verres.
Jackie ne considérait pas l’abstinence comme une option réaliste ou quelque chose dont elle avait besoin. Mais ces changements lui ont donné un sentiment d’accomplissement et ont amélioré sa santé et son humeur. Pour continuer à se motiver, elle met de côté l’argent qu’elle ne dépense plus sur l’alcool et le consacre à des massages et des pédicures mensuels, ainsi qu’à des vacances qu’elle souhaite prendre depuis longtemps.
Si vous ou l’un de vos proches avez envisagé de modifier votre consommation de substances, pensez à un petit changement que vous pouvez faire aujourd’hui et qui vous ferait avancer dans une direction positive. Songez par exemple à réduire la quantité que vous consommez, à faire des choix moins risqués ou à trouver des moyens de réduire les conséquences néfastes.
Le changement n’a pas à être « tout ou rien ». Même de petits changements durables peuvent s’accumuler au fil du temps et vous aider à vous sentir plus en contrôle. Discuter avec un ami de confiance, demander l’aide d’un professionnel ou explorer des outils autoguidés peuvent tous faire partie du processus.
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Qu’est-ce qu’une stratégie de réduction des méfaits?
Les stratégies de réduction des méfaits sont des approches qui réduisent les risques de la consommation de substances sans nécessiter l’abstinence. Il peut notamment s’agir de consommer avec modération, de consommer de façon plus sécuritaire ou d’observer des jours sans consommer.
Quelle est la différence entre la réduction des méfaits et l’abstinence?
L’abstinence demande d’éviter toute substance, alors que la réduction des méfaits met l’accent sur des choix plus sécuritaires afin de réduire les risques.
Quels sont des exemples de réduction des méfaits?
Il peut s’agir de boire de l’eau entre les consommations alcoolisées, de choisir des boissons à plus faible teneur d’alcool, de planifier des jours sans alcool ou de travailler avec un accompagnateur pour fixer des limites.
La réduction des méfaits peut-elle s’avérer efficace en milieu de travail?
Oui. Proposer un soutien flexible axé sur la réduction des méfaits peut aider les employés à se procurer de l’aide plus tôt, réduire la stigmatisation et améliorer la rétention et le bien-être.